Par l’intermédiaire de son capitaine Damien Da Silva, le Stade Rennais s’est de nouveau illustré sur coups de pied arrêtés, dimanche, lors de la victoire contre Lorient (3-0). Un exercice dans lequel les Rouge et Noir brillent, notamment grâce à la charnière centrale Da Silva-Aguerd.
Dimanche 20 décembre. Stade du Moustoir. On joue la 23e minute de la 16e journée, opposant Lorient à Rennes, lorsque le match va se décanter. À la réception d’un coup-franc tiré par Bourigeaud, Nzonzi dévie tant bien que mal le ballon qui revient dans les pieds de Da Silva. D’une volée à bout portant, le franco-portugais va tromper le portier lorientais, bien aidé par Jérémy Morel qui détourne le cuir dans ses propres filets. 1-0 au tableau d’affichage.
Ce scénario est devenu classique pour le Stade Rennais cette saison tant il excelle dans l’exercice des phases arrêtées. En championnat, les hommes de Julien Stéphan ont fait tremblé huit fois les filets adverses de cette manière. C’est plus que n’importe quelle autre équipe de Ligue 1. Il s’agit également de la formation de Ligue 1 avec la part de buts sur coups de pied arrêtés (32%, 8/25) la plus élevée cette saison. Avec un but sur trois inscrit sur phase arrêtée, la force des rennais dans ce domaine du jeu est indéniable et prépondérante. Comment l’expliquer ? En partie, par l’influence de deux hommes : Damien Da Silva et Nayef Aguerd.
Des statistiques éloquentes
À eux deux, ils forment la charnière centrale du club et s’illustrent sur phases arrêtées. Auteur de 4 buts, Da Silva est co-meilleur buteur du club en championnat avec Hunou. Quant à Aguerd, il se classe troisième avec 3 réalisations. Un duo de choc.
Le Stade Rennais dispose ici d’une arme fatale. Elle lui apporte des buts et surtout des points. Lors de la 1ère journée, Rennes est allé cherché un bon point contre le LOSC, grâce à Damien Da Silva, buteur du bout du pied sur corner. L’influence du tandem s’est révélée encore plus évidente au cours d’un duel breton. Mené 1-0 sur sa pelouse par Brest, les Rouge et Noir vont revenir et s’imposer par l’intermédiaire de ses deux défenseurs centraux, Da Silva (66e) et Aguerd (70e), toujours sur coups de pieds arrêtés. Décisifs, on vous a dit.
Le duo est lancé sur des bases mirobolantes. Depuis la remontée du club en D1 en 1994, la charnière la plus prolifique sur une saison avait inscrit 6 buts (Armand/Diagne en 2015/2016). Un total obtenu sur une saison complète tandis que nos deux compères actuels n’en sont qu’à la 16e journée. Fou.
Utile de rappeler que Fallou Diagne tirait pendant quelques temps les penalties. Pour le tandem actuel, toutes les réalisations proviennent uniquement de corners/coups francs.
Les raisons de cette réussite
Le duo impose sa loi sur corners et coups francs offensifs. Les deux joueurs possèdent de véritables qualités qui leur permettent de prendre souvent le dessus sur leurs adversaires directs. De vrais patrons dans le domaine aérien, où ils font la différence grâce à leurs qualités physiques, leur sens du timing et surtout leur intelligence de jeu. Ils sentent bien les coups et parviennent régulièrement à se positionner où il faut, quand il faut.
Sous leurs anciennes couleurs, les deux hommes brillaient déjà dans ce registre. En 2017-2018 Da Silva avait inscrit, avec son ancien club le SM Caen, 4 buts et avait terminé troisième meilleur buteur de son club en Ligue 1.
Même constat pour Aguerd. Il s’était mis en avant plusieurs fois avec Dijon, et notamment lors d’une victoire contre Rennes (2-3) en 2018-2019, en trompant Koubek de la tête sur corner. Son surnom « Nayef Airlines » est tout sauf volé.
Mais les deux défenseurs ne marquent pas que de la tête sur ces phases arrêtées, illustration de leur faculté à bien sentir les coups. Cette frappe décochée par Da Silva, dimanche contre Lorient, en est le parfait exemple. Leur présence et leur science de ces phases de jeu leur permettent de devenir de réelles menaces offensives.
Des tireurs performants
Evidemment, pour que ces joueurs soient trouvés dans les meilleures conditions, les coups doivent être tirés proprement. A Rennes, plusieurs acteurs sont en mesure de bien les frapper : Bourigeaud, Grenier et Del Castillo. Si, parfois, ces joueurs ont fait preuve de déchet dans l’exercice, ils possèdent néanmoins les qualités requises pour apporter le danger et trouver dans de bonnes dispositions leurs coéquipiers. Et ils l’ont prouvé à de maintes reprises. Dimanche, c’était Bourigeaud à la baguette. Mercredi dernier aussi, sur un autre coup franc, qui a vu cette fois-ci Adrien Hunou offrir la victoire aux siens face à l’OM (2-1). Les trois tireurs performent dans le domaine et contribuent à la domination affichée par le club sur phases arrêtées offensives.
Ne pas les juger seulement sur leur contribution offensive
On ne vous apprendra rien, les défenseurs restent avant tout des joueurs à vocation défensive. S’ils marquent, c’est du bonus. Mais leur objectif principal est clair : préserver leur cage inviolée. Un domaine dans lequel le tandem franco-marocain a alterné le bon et le moins bon, à l’image du collectif. Après un gros début de saison, l’équipe a sombré, au même titre que la défense. Elle a encaissé davantage de buts évitables et naïfs et les centraux n’ont pas toujours respirer la sérénité.
Cependant, la charnière a montré globalement des choses intéressantes. Après une saison précédente en dents de scie, Da Silva est redevenu le roc défensif connu en 2018/2019, décisif par ses interventions et son placement. Malgré de petites erreurs, Nayef Aguerd a rapidement trouvé ses marques et a impressionné par la qualité de ses relances. Une charnière complémentaire et décisive, taillée pour la Ligue 1, à défaut de l’être pour la Ligue des Champions.
Le Stade Rennais s’apprête à refermer le chapitre 2020, historique et particulier. Un dernier match à négocier demain soir, à la maison, contre le FC Metz avant d’avoir le droit au foie gras et à la bûche. Il n’est pas impossible que le tandem rennais s’y illustre à nouveau.